As above, so below. Il est possible que vous connaissiez cette expression anglaise. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas d’où je la connais moi-même mais, que ce soit pertinent ou bof, c’est la première chose qui m’est venue à l’esprit au moment de décider comment parler du livre de Gloria Steinem : Une Révolution intérieure (Renforcer l’estime de soi). As above, so below : en haut comme en bas ; une manière d’exprimer simplement, en dehors des considérations spirituelles que l’on n’a pas manqué d’y ajouter, la corrélation entre la Terre et la mécanique céleste. “En haut” influence “en bas” et vice-versa.

Mais comme Une Révolution intérieure n’est pas tout à fait un traité d’astronomie, je me permets de (enfin) clarifier ma pensée : c’est l’idée de corrélation que je retiens. Je dirais d’ailleurs : As outside, so inside. À l’extérieur comme à l’intérieur, et vice-versa.

C’est en tout cas une partie du propos de Gloria Steinem, journaliste américaine et figure majeure du féminisme intersectionnel depuis les années 1960 : difficile de faire la révolution à l’extérieur (de s’affirmer dans l’espace public, de développer sa conscience politique, de trouver et conserver l’énergie nécessaire au militantisme…) sans opérer une révolution à l’intérieur au préalable. En soi, quoi. Vous avez compris, ne faites pas semblant.

Vous avez peut-être remarqué comme, parfois, tout ce qu’on peut faire ou dire pour se révolter contre les injustices semble s’apparenter à pisser en continu dans un violon ? Et combien c’est néanmoins épuisant, physiquement, moralement, nerveusement, psychiquement ? Steinem défend l’idée que ça n’a rien d’incohérent ; c’est même logique. Les injustices sociales du quotidien ont un impact lourd au quotidien - un impact sur l’estime de soi. De là, le sentiment d’impuissance, d’inutilité, jusqu’à l’acceptation d’un statu quo, voire des séquelles sur la santé mentale. Bon. Allez faire la révolution, dans ces conditions.

TL;DR : l’estime de soi, c’est politique.

Sans surprise, Gloria Steinem touche des cordes sensibles tout au long de son ouvrage qui ressemble à du développement personnel… sans en être tout à fait. Ou peut-être que c’est ce qu’aurait dû être le développement personnel. Publié pour la première fois dans les années 1990, Une Révolution intérieure s’est vu offrir un charmant glow up (guurl) avec une réédition en début d’année chez Harper Collins qui tombe assez à pic. Comme le dit Mona Chollet en préambule, “la reparution de ce livre en français offre l’occasion de redécouvrir [la] notion [d’estime de soi] dans toute sa subtilité et sa force subversive”. Il me semble qu’on en a plus que jamais besoin.

Et si vous avez encore peur de tomber sur du mysticisme, j’ai envie de vous rappeler qu’on ne devient pas une icône féministe sans avoir un minimum les pieds sur Terre… et qu’on ne reste pas debout sans viser les étoiles. Sa fait réfléchire ou pas ?